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Histoire de l’émancipation des femmes
La recherche d’indépendance des femmes n’est pas un phénomène récent.
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De tout temps, les femmes ont cherché à s’imposer dans leur foyer et le principe de réalité a souvent prévalu sur le système patriarcal en place. Mais cela restait cantonné à la sphère privée et ne répondait qu’à des initiatives individuelles.
Naissance du féminisme
En 1791, Olympe de Gouges ouvre la voie à l’action collective. Elle réclame l’égalité politique entre les hommes et les femmes dans sa Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne. L’article 1 stipule: “La femme naît libre et égale à l’homme en droits.”
C’est seulement en 1903 que le désir d’émancipation des femmes se concrétise par une organisation, celui des suffragettes en Grande-Bretagne. Le Women’s Social and Political Union revendique le droit de vote des femmes.
Ce droit de vote est acquis par les Australiennes en 1901, les Finlandaises en 1906, les Norvégiennes en 1913, les Danoises et les Islandaises en 1915.
La grande histoire vient s’en mêler. L’entrée en guerre de l’Europe en 1914 va bouleverser la hiérarchie hommes-femmes dans la société.
Dès 1918, les femmes britanniques obtiendront le droit de vote si elles ont atteint l’âge de 30 ans. Le droit de vote des femmes est aligné sur l’âge des hommes, 21 ans, en 1928.
En 1919, c’est le tour des Américaines.
Les Années folles
Les années 1920 sont une période d’intense activité sociale, culturelle et artistique qui concerne l’Europe et les États-Unis. C’est durant ces Années folles que les femmes s’affichent notamment en robes qui dévoilent les mollets. Certaines d’entre elles coupent leurs cheveux. La mode de La Garçonne est lancée, selon le titre du roman de Victor Margueritte paru en 1922. Ce livre fera scandale mais le terme de garçonne trouve sa place dans le langage courant.
C’est à cette époque que beaucoup de femmes, contraintes au célibat, entrent sur le marché du travail.
Cependant, la crise économique puis la déclaration de guerre de 1939 en Europe remettent à plus tard les actions des mouvements d’émancipation des femmes.
L’après-guerre
Dès juin 1945, les Nations Unies inscrivent dans leur charte le “principe d’égalité sans discrimination de sexe”.
À partir de là, de nombreux changements sont inscrits dans les institutions.
1945
- En France, la notion de “salaire féminin” est supprimée. Une loi met en place le congé de maternité obligatoire et rémunéré de huit semaines.
- Au Japon, sous l’influence des Américains, la loi intègre l’égalité entre hommes et femmes, accorde le droit de vote aux femmes et met en place la mixité de l’éducation.
1946
- En France, le principe d’égalité des droits entre hommes et femmes est posé dans le préambule de la Constitution.
1949
- La Déclaration universelle des droits de l’homme de l’ONU reconnaît la pleine égalité entre hommes et femmes.
- La Chine interdit la pratique traditionnelle des “petits pieds” qui mutilait les pieds des femmes.
Alors que la paix s’installe et que le boom économique prend son essor dans les pays occidentaux, les femmes souhaitent obtenir leur indépendance financière et le droit à disposer de leur corps. Dans les faits, elles restent majoritairement au foyer à élever leurs enfants.
Ce n’est qu’à la fin des années 1960 que le mouvement féministe s’impose dans la société.
La fin du XXe siècle
Aux États-Unis, le Women’s Lib se crée en 1967. Il correspond à la deuxième vague du féminisme international depuis le début du XXe siècle.
Les femmes qui adhèrent à ce mouvement protestent contre toutes les formes de sexisme et de discrimination dont elles sont victimes. Elles réclament une réelle égalité des droits avec les hommes.
Le phénomène n’est pas limité aux États-Unis. Partout en Europe occidentale, des groupes de femmes se forment pour réfléchir aux moyens de lutter pour leur émancipation.
Ce mouvement inspire en France le MLF (Mouvement pour la Libération des Femmes). Né en 1971, ce mouvement féministe revendique la libre disposition du corps des femmes. Si la contraception est désormais légale (1967), son usage reste tabou dans la société. Par ailleurs, l’interruption volontaire de grossesse reste illégale jusqu’en 1974. C’est la Ministre de la santé, Simone Veil, qui fera voter la loi de dépénalisation de l’avortement. Cette loi porte toujours son nom.
En 1977, les Nations Unies instaurent la journée internationale des droits de la femme. Chaque 8 mars, partout dans le monde, la journée est dédiée à la mise en valeur des actions menées en faveur des droits des femmes. Les féministes ne manquent pas de rappeler que ces droits sont à défendre chaque jour de l’année.
Le quotidien des femmes occidentales a changé. Désormais, elles ont accès à l’emploi, elles ne doivent plus obéissance à leur mari, elles sont libres de choisir d’être mères.
Le XXIe siècle
Il subsiste dans la société une misogynie et un sexisme de fait. Il apparaît sous forme d’une inégalité dans les salaires mais aussi dans la répartition très inégale des charges du foyer.
Par ailleurs, une grande partie de la population n’accorde pas beaucoup d’importance aux agressions envers les femmes. Il est commun de penser qu’elles ont un comportement provocateur à l’origine de l’agression.
En 2007, Tarana Burke organise une campagne pour dénoncer les violences sexuelles, notamment à l’endroit des minorités visibles. C’est la naissance du hashtag #MeToo. Pendant dix ans, il accompagne les témoignages de harcèlement et d’agression sexuels sur les réseaux sociaux. C’est l’affaire Weinstein en octobre 2017 qui le rend mondialement célèbre.
Depuis, on observe une libération de la parole à l’encontre du sexisme.
Le mouvement #MeToo peut être considéré comme la 3e révolution du mouvement féministe initié par les suffragettes anglaises en 1903. Il montre que les avancées institutionnelles ne suffisent pas. Dans son discours de 2012, Nous sommes tous des féministes, Chimanda Ngozi Adichie, autrice féministe nigeriane propose: “…nous devons élever nos filles autrement. Nous devons élever nos garçons autrement.” C’est le point de départ, nous dit-elle, d’un monde plus équitable.
Les portraits
Olympe de Gouges
Marie Gouze, dite Olympe de Gouges, est née le 7 mai 1748 à Montauban (France) et est morte guillotinée le 3 novembre 1793 à Paris (France). C’est une femme de lettres française, devenue femme politique. Elle est considérée comme une des pionnières françaises du féminisme.
Rédactrice en 1791 de la Déclaration des droits de la femme et de la citoyenne, elle a laissé de nombreux écrits et pamphlets en faveur des droits civils et politiques des femmes et de l’abolition de l’esclavage des Noirs.
Elle est souvent prise pour emblème par les mouvements pour la libération des femmes.
Elle considère que les femmes sont capables d’assumer des tâches traditionnellement confiées aux hommes.
Virginia Woolf
Virginia Woolf, née Adeline Virginia Alexandra Stephen le 25 janvier 1882 à Londres (Royaume-Uni) est morte le 28 mars 1941 à Rodmell (Royaume-Uni). C’est une femme de lettres britannique.
Son texte Une Chambre à soi est publié pour la première fois en 1929. Le sujet principal est la place des autrices dans l’histoire de la littérature. Virginia Woolf étudie les facteurs qui ont rendu difficile l’accès des femmes à l’éducation, à la production littéraire et au succès. L’une de ses thèses principales, qui a donné son titre à l’ouvrage, est qu’une femme doit au moins disposer “de quelque argent et d’une chambre à soi” si elle veut produire une œuvre romanesque.
Ce texte tient une place importante dans l’histoire du féminisme. Il figure à la 69e place sur la liste des cent livres du siècle publiée par Le Monde (quotidien de la presse française) en 1999. Le Guardian (quotidien de la presse britannique) le classe en 2016 parmi les 100 meilleurs livres de non-fiction.
Simone de Beauvoir
C’est une écrivaine et philosophe française née le 9 janvier 1908 et morte le 14 avril 1986.
En 1949, elle publie Le Deuxième Sexe. Dans cet ouvrage, elle analyse la place des femmes dans la société. Elle met en avant que celles-ci sont souvent considérées comme l’ ”Autre” par les hommes. Simone de Beauvoir plaide pour une autonomie de la femme. Ce livre pose les fondations d’une philosophie féministe.
On lui doit la citation: “On ne naît pas femme, on le devient”, qui sera reprise comme un slogan.
Simone de Beauvoir a participé au Mouvement de Libération des Femmes (MLF) dans les années 1970.
Quelques citations féministes célèbres
“Ne débarrassez pas la table, à moins que les hommes ne se lèvent pour le faire aussi”.
—Coco Chanel
“Nous, les femmes, nous sommes la moitié du ciel et même un peu plus. Nous entendons être la moitié de tout, pas vos moitiés, la moitié de tout. Et surtout, surtout, être au moins la moitié partout où se prennent les décisions. Le monde qui vient devra s’habituer partout à la présence de partout, la présence forte de nos filles, de vos filles”.
—Christiane Taubira
“La femme est capable de tous les exercices de l’homme sauf de faire pipi debout contre un mur”.
—Colette
“La femme naît libre et demeure égale à l’homme en droits”.
—Olympe de Gouges
“La femme n’est victime d’aucune mystérieuse fatalité: il ne faut pas conclure que ses ovaries la condamnent à vivre éternellement à genoux”.
—Simone de Beauvoir
“Ma revendication en tant que femme, c’est que ma différence soit prise en compte, que je ne sois pas contrainte de m’adapter au modèle masculin”.
—Simone Veil
“Je n’ai toujours pas entendu d’hommes demander des conseils sur la manière d’allier le travail et la vie de famille”.
—Gloria Steinem
“Le féminisme ne se résume pas à une revendication de justice, parfois rageuse, ni à telle ou telle manifestation scandaleuse; c’est aussi à la promesse, ou du moins l’espoir, d’un monde différent et qui pourrait être meilleur”.
—Benoîte Groult
“Le seul moment où une femme réussit à changer un homme, c’est quand il est bébé”.
—Nathalie Wood.
“Appeler les femmes le sexe faible est une diffamation; c’est l’injustice de l’homme envers la femme. Si la non-violence est la loi de l’humanité, l’avenir appartient aux femmes”.
—Gandhi
“L’admission des femmes à l’égalité parfaite serait la marque la plus sûre de la civilisation, et elle doublerait les forces intellectuelles du genre humain”.
—Stendhal
“Femmes, c’est vous qui tenez entre vos mains le salut du monde”.
—Léon Tolstoï
“La femme serait vraiment l’égale de l’homme le jour où, à un poste important, on désignerait une femme incompétente”.
—Françoise Giroud
“Chaque homme que je rencontre veut me protéger. Je ne vois pas de quoi”.
—Mae West
DICTIONNAIRE
foyer (m) – home
prévaloir (v) – to prevail
cantonné, e (adj) – limited
se concrétiser (v) – to come true
se mêler de (v) – to interfere
mollet (m) – calf
prendre son essor (v) – to grow
contraception (f) – birth control
dépénalisation (f) – decriminalization
charge (f) – responsability
harcèlement (m) – harassment
à l’encontre de (loc adv) – to go against
dit, e (adj) – also known as
assumer (v) – to take on