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Histoire de la loterie en France
La bienfaisance au service de l’État
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La loterie fait rêver. Pour quelques pièces, on achète une promesse de gain: un objet, un voyage, de l’argent. Les gagnants sont rares mais la promesse de rêve est tenue.
Cependant, la réalité de ces jeux est plus prosaïque. Ils ont pour fonction de récolter de l’argent au profit de l’organisateur. En France, la loterie a suivi le parcours de l’histoire avant de s’imposer dans le quotidien des Français.

Première loterie française
Inspiré par les loteries organisées en Italie depuis plusieurs années, François 1er, roi de France à l’époque de la Renaissance, autorise la première loterie en 1539. La part importante prélevée par l’État décourage la population. L’expérience est un échec.
L’Église catholique rejette ces pratiques liées au hasard. Les loteries sont interdites. Des opérations sont exceptionnellement autorisées au bénéfice de projets de bienfaisance. Le paradoxe consiste à financer la construction d’édifices religieux. Cela évite au roi de puiser dans les caisses de l’État.
Une autre exception notable est celle des jeux de hasard organisés par le roi Louis XIV, au 17e siècle. Il voulait distraire sa cour au château de Versailles.
Une source de financement pour les projets du roi
C’est sous le règne de Louis XV que la loterie populaire est à nouveau organisée. Elle a pour but d’apporter des fonds au roi pour terminer la construction de l’École royale militaire en 1757.
Louis XVI met officiellement en place la Loterie royale en 1776. Ce sont des marchands ambulants qui vendent les billets deux fois par mois. Elle contribue jusqu’à 7 % aux revenus personnels du roi.
Interdite un temps (1793-1797) par le gouvernement révolutionnaire qui la juge immorale, la Loterie royale est définitivement supprimée par Louis-Philippe en 1836.

Un siècle plus tard
Répondant au critère de bienfaisance, des associations se servent de la loterie pour collecter de l’argent au profit des Gueules cassées. Ce sont les soldats de la Première Guerre mondiale qui sont défigurés, handicapés. En 1931, plusieurs associations se regroupent sous le nom de La Dette. Les lots vont de la bicyclette à l’avion de tourisme. La loterie connaît un succès considérable.
Malheureusement, certaines associations font preuve de malhonnêteté. Beaucoup d’irrégularités sont constatées au détrimentdes anciens combattants. Pour réguler ces souscriptions, la Loterie nationale voit le jour en 1933.
Après la Seconde Guerre mondiale, la Loterie nationale prend un nouvel essor. Le tirage au sort a lieu toutes les semaines. Des tirages spéciaux viennent s’ajouter autour de thèmes populaires: la Saint-Valentin, la fête des mères, le vendredi 13.
En parallèle, le Tiercé est créé en 1954. Il s’agit de parier sur les courses de chevaux. Son fonctionnement est moins aléatoire. Le jeu rencontre beaucoup de succès. Le chiffre d’affaires de la Loterie nationale baisse rapidement.
Pour relancer la collecte, les associations des anciens combattants décident en 1974 de créer un nouveau jeu. Après des recherches aux États-Unis et en Europe, le modèle du Nordwestlotto allemand est retenu. Il est adapté à la France.
Le LOTO® est créé par décret en 1975. La publicité est interdite pour ce jeu. Les débuts sont lents. Quand le succès arrive, il est fulgurant et durable. De ce fait, l’État modifie le fonctionnement de la société de gestion et prend 51 % des parts de la nouvelle structure.
Au cours des années suivantes, de nouveaux jeux sont introduits, notamment des jeux instantanés. Le succès est au rendez-vous. Dans le même temps, la part des associations des anciens combattants diminue.
De nos jours, le LOTO® organise trois tirages par semaine: les lundis, les mercredis et les samedis. La Loterie nationale s’appelle maintenant la Française des Jeux. Cette société est cotée en Bourse depuis 2019.
Sur le plan logistique, la Française des Jeux s’est adaptée aux nouveaux outils technologiques: choix aléatoire des numéros par le système flash, jeu en ligne, application.
Cette politique de diversification des jeux et des processus de vente repose sur la volonté de l’État de percevoir de plus en plus d’impôts indirects par l’intermédiaire du système de loterie.
Les risques
Les jeux de hasard ne sont pas sans risque sur la santé des joueurs. Jouer peut devenir une addiction. Le désir incontrôlable de jouer de l’argent s’apparente à une dépendance. C’est le même phénomène que celui des drogues. C’est pourquoi, sur le site de la Française des Jeux et sur les points de ventes, l’attention des joueurs est attirée sur les risques des jeux: la dépendance, l’isolement, l’endettement. Une cellule de prise en charge psychologique est dédiée à cette pathologie.
Le Loto, comme l’appellent toujours les Français, est néanmoins un pilier de la culture populaire française. Les montants sont très élevés. Les gagnants sont érigés au rang de héros. Ils sont en première page des journaux. Ils sont d’excellents vendeurs d’un système bien ancré dont le meilleur slogan reste: “100 % des gagnants ont tenté leur chance”*.
* – Cette phrase est une figure de style appelée tautologie. C’est une phrase tournée de manière que sa formulation ne puisse être que vraie.
Dictionnare
bienfaisance (nf) – charity
puiser (v) – to draw
défiguré, e (adj) – disfigured
prendre (v) un essor – to grow
parier (v) – to bet
aléatoire (adj) – risky
fulgurant, e (adj) – lightning
Bourse (nf) – stock market
volonté (nf) – will
jeu (nm) de hasard – game of chance
endettement (nm) – indebtedness
tautologie (nf) – tautology